Le parfum dans la litterature de l'ailleurs
Dans notre société occidentale, les thèmes du parfum et de l’Ailleurs sont étroitement liés, en témoigne le nombre impressionnant de noms exotiques donnés aux parfums les plus prestigieux : Shalimar, Samsara, Fidji, Opium, Arabie, Contes d’Ailleurs, Sables, Byzance etc. Les parfumeurs jouent alors sur la puissance évocatrice du parfum : il suffit de quelques gouttes pour nous transporter vers l’Ailleurs, un lointain généralement gorgé de couleurs et de soleil, emprunt de mystère et de séduction. En quelque sorte, le parfum serait le catalyseur de notre imaginaire.
C’est pourquoi il est intéressant d’analyser la manière dont les écrivains s’emparent de ce pouvoir suggestif du parfum pour faire « voyager » leurs lecteurs. Comment aux 18, 19 et 20ème siècle, les écrivains ont-il fait appel à notre odorat pour nous dépeindre des mondes que nous n’avons peut-être jamais visités ? L’odorat est certes un sens subtil et suggestif mais n’est-il pas le plus insaisissable des sens, ? Le plus difficile à « écrire » ? Par ailleurs, on peut se demander également quelle est la portée du rôle du parfum dans la littérature de l’Ailleurs. Est-il destiné à amplifier un effet de réel, à rendre l’univers étranger plus réaliste, plus vrai ? Ou est-il destiné à nous faire rêver, à nous conforter dans de somptueux clichés ?
Afin d’approfondir ces questions, nous nous intéresserons dans un premier temps à la manière dont les écrivains français des 18, 19 et 20ème siècle ont dépeint les contrées lointaines, aussi bien à travers leurs carnets de voyage que dans les œuvres de fiction se déroulant dans des pays étrangers. Dans un second temps, nous verrons qu’à travers l’évocation du parfum, des écrivains nous convient à des voyages bien plus lointains encore, sur des rivages qu’aucun navire n’a pu aborder. Le voyage constitue alors une aventure intérieure et intellectuelle particulièrement intense.
Avant d’aborder le rôle que peut avoir le parfum dans