Le petit poisson et le pecheur
D’emblée, La Fontaine nous présente un lieu très peu défini. On y voit « un carpeau », « un pêcheur » et « une rivière » (V.6-7), l’emploi du article indéfini « un » renforce cette dimension banale et incertaine. Le lecteur ne sait rien de ce poisson, excepté qu’il n’était encore que fretin. Le lieu n’est pas plus situé que l’aspect du poisson, il est attrapé « au bord d’une rivière » (V.7). Dans les premiers vers, l’ennui et l’incertitude s’ajoutent à la banalité avec l’emploi de mots vagues comme « Pourvu » (V.2), « Certain » (V.5) ou du verbe attendre au participe présent (V.3). Le cadre est celui d’une société vivante pittoresque
En opposition avec cette banalité, le poète introduit un poisson qui est en réalité hors du commun. Dès le V.2, le fabuliste oppose l’être tout puissant qu’est Dieu au « petit poisson » ce qui établit un rapport non naturel. Ce « carpillon » (V.11) devenu encore plus petit par l’emploi du diminutif est doté de la parole selon les conventions de la fable, il peut parler « en sa manière » (V.11) et argumenter.
Cette faculté nouvelle crée un contraste entre sa petitesse et sa capacité à discuter. Il est capable de manier la rhétorique tel un avocat : Il pose des