le positivisme
L’image reçue de l’attitude du positivisme par rapport à la psychologie n’est pas bonne, et elle est quelque peu contradictoire. D’un côté on aime à rappeler que le positivisme comtien a prononcé une oukase contre la psychologie et a peut-être été, en France du moins, responsable d’un certain retard de l’avènement de la psychologie expérimentale. De l’autre l’attitude du positivisme viennois, l’autre pôle majeur de la doctrine, semblait a priori plus favorable à cette discipline, puisque le positivisme de Mach, dont il est en grande parti issu, accordait une place importante à la psychologie sous sa forme empiriste et associationniste. Mais précisément pour cette raison, il a été accusé, aussi bien par les phénoménologues que par les membres du Cercle de Vienne du péché de “psychologisme”. En sorte que le positivisme, si on le considère sous ses deux figures, semble avoir enterré la psychologie deux fois: d’abord comme science, puis comme responsable de ce que
Husserl considérait comme l’erreur philosophique par excellence, celle qui consiste à s’en tenir à l’”attitude naturelle”. Je voudrais ici essayer de montrer, quoique de manière trop schématique, que le positivisme n’est pas coupable de ces péchés et de ces confusions, et qu’il a eu, en particulier sous sa forme viennoise, une attitude au contraire très complexe et nuancée vis à vis de la psychologie, non seulement parce que les thèses positivistes elles-mêmes ont considérablement évolué de
Comte au Cercle de Vienne, mais aussi parce que la science psychologiste ellemême a considérablement changé entre la publication du Cours de philosophie positive en 1830 et l’époque ou le positivisme logique a jeté ses derniers feux, dans les années 1950. Ma thèse principale sera la suivante. La psychologie est devenue science à partir du moment où elle s’est donnée pour but la mesure du comportement et des facultés mentales, à travers l’outil essentiel qu’ont constitué
les