L’environnement social d’aujourd’hui se caractérise par une stigmatisation de la vieillesse et du vieillissement du fait de leur poids économique, dont on nous a longuement parlé, et du fait des terribles peurs qu’ils suscitent. Des révolutions culturelles sont en marche ; elles sont inévitables ; elles sont démographiques et autres. Il semble que nous nous trouvons dans une phase de transition où nos sociétés vont devoir s’adapter, une phase de crise très aiguë où elles ne savent pas comment se situer par rapport à leur mode d’organisation sociale, mais surtout leurs représentations sociales. Nous vivons dans une société qui aborde difficilement ce niveau, que ce soit au niveau politique ou au niveau social les plus simples. J’en veux pour preuve le départ de beaucoup de journalistes après la première partie de ce colloque : ils ne veulent pas entendre parler de vieillir, ils ne veulent pas écrire sur ce sujet. Vieillir est un tabou. Pour la plupart de nos concitoyens, il ne s’agit pas de bien vieillir, il s’agit de ne pas vieillir. Tel est l’enjeu aujourd’hui. Dans cette assemblée, nous vivons dans un monde à part, modelé par nos recherches et par notre expérience. Tout l’enjeu pour nous est de faire éclater la bulle de communication vers le monde extérieur, de faire qu’il soit moins sourd. S’il est sourd, c’est qu’il a certainement ses raisons pour cela, il nous faut les découvrir et les surmonter. La discipline à laquelle j’appartiens, la psychosociologie, peut contribuer à les éclaircir.
Il faut examiner tout d’abord quelles sont les représentations sociales de la longévité et du vieillissement en Europe. Quelles sont les disciplines qui s’occupent aujourd’hui du problème de la longévité et du vieillissement ? Nous avons vu surtout se développer les disciplines médicale et démographique au XIXe siècle puis au
XXe siècle. Ainsi, le discours dominant sur la gérontologie est un discours sur le déficit et sa compensation, sur la pathologie ou