Le roman kabyle entre hier et aujourd'hui
Le roman est un genre littéraire narratif qui se distingue du mythe par son attribution à un auteur, de l’épopée par son usage de la prose, du conte et de la nouvelle par sa longueur et la complexité des techniques narratives mises en œuvre par les romanciers. Le roman ne s’est pas créé de manière subite, il a connu tout un processus de développement pour aboutir à sa forme actuelle. Le genre romanesque est défini essentiellement comme un genre écrit. Il n’existe pas dans les sociétés à tradition orale, on ne le retrouve que dans les sociétés à tradition écrite. Pourtant, et quand bien même le tamazight était enlisé dans l’oralité d’où il tente tant bien que mal de s’extirper, la langue, la variante kabyle notamment, possède ce genre littéraire. A rappeler que cette langue plusieurs fois millénaire a, depuis l’Antiquité une graphie (le libyque – tifinagh). Cependant et pour des raisons historiques, ses signes, notamment le tifinagh, ne sont utilisés que pour des usages symboliques. Aujourd’hui, pour écrire, ou plutôt transcrire, le tamazight a adopté la graphie latine qu’il a aussi adopté pour son enseignement à l’école. Qu’est-ce qui caractérise le roman kabyle ? Dans quelles conditions est-il apparu? Son avènement est-il le résultat d’un processus littéraire déjà enclenché ou s’agit-il juste d’une autre forme d’expression de la revendication identitaire, linguistique qui date des années 40? Pourquoi les auteurs qui ont écrit en tamazight n’ont pas choisi d’autres langues écrites comme le français et l’arabe ? Quels avantage offre tamazight, alors qu’elle pas été rodée pour ce genre de production écrite (roman).Dans l’introduction du roman Asfel[1], Mouloud Mammeri tente une réponse : « Ce que Rachid Aliche rend ici en berbère moderne, il aurait bien sûr pu le dire dans une des grandes langues écrites (il en a certainement une au moins à sa disposition). peut-être pour se dire lui fallait-il plus qu’un instrument