Le réalisme socialiste d'alexander deineka
Une carrière exemplaire au sein d’une institution, une position particulière dans un mouvement artistique.
[pic][pic] A gauche :Alexander Deineka, « Autoportrait au panama », c. 1920, huile sur carton, 38x32 cm., Kursk, Deineka Picture Gallery of Kursk. In http://www.deineka.info A droite : Alexander Deineka, photographie. In Alexander Deyneka, èd par Vladimir Petrovič Sysoev, Leningrad, Aurora Art Publishers, 1971.
Introduction
Le 23 avril 1932 est une date à prendre en considération si l’on cherche à déterminer un point de départ au courant artistique du réalisme socialiste soviétique. Malgré le lent développement des caractéristiques formelles d’une tendance qui s’illustre déjà, chez les artistes, dans le courant de la décennie 1920-1930, cette date d’avril 1932 marque le début d’une intégration institutionnelle d’un courant artistique devenu doctrine officielle du Parti communiste en matière d’arts. En effet, ce moment correspond à un décret du comité central du Parti communiste qui appelle à la restructuration des organisations artistiques et littéraires et à la création d’une union nationale des artistes soviétiques, faisant table rase de tous les nombreux groupes d’artistes alors en activité.[1] Cette première décision est suivie par un deuxième moment historique. Le discours d’Andreï Jdanov en 1934 au congrès fondateur de l’Union des écrivains soviétiques qui proclame, selon les termes d’Antoine Baudin : « le réalisme socialiste […] méthode exclusive et commune aux différents secteurs de la culture soviétique. »[2] Il s’agit alors de l’unique importante déclaration publique d’un politicien sur les arts dans toute la décennie[3], jetant les bases stylistiques et idéologiques d’une véritable « méthode de création » qui doit rendre compte de la réalité soviétique en transformation.
Si le modèle proposé dans le discours de Jdanov est clairement