Le sentiment du conflit
1 Le commencement du commencement : le sentiment du conflit Dans ce deuxième mouvement du texte, nous trouvons à la fois une argumentation et une explication des attributs retenus pour constituer le commencement de la philosophie. Épictète procède par question-réponse. La première réponse nous permet de mieux comprendre ce que peut être le sentiment du conflit. Il s'agit du sentiment lié à la découverte d'une opinion contradictoire. Nous sommes surpris, choqués de voir que d'autres avec la même tranquillité, force et certitude que nous profèrent des idées contraires aux nôtres. Ce sentiment du conflit se traduit par l'interrogation, le doute, l'inquiétude et ce second mouvement du texte constitué de questions nombreuses l'illustre bien. C'est l'embarras de l'esprit qui hésite entre deux solutions et s'éveille à la difficulté. Là où il y avait certitude tranquille et réponse assurée, il n'y a plus qu'interrogation et mise en question suite à l'ébranlement causé par le conflit d'opinion. On peut identifier dans ce sentiment du conflit l'étonnement dont parle Platon à travers la formule de Socrate : « Celui qui a fait de la philosophie la fille de l'étonnement s'y connaît assez bien en généalogie » Et par sa maïeutique, Socrate s'efforçait d'éveiller les âmes en posant des questions « simples » : qu'est-ce que le courage ? Qu'est-ce que la justice?Qu'est-ce que la piété ? Puis la réponse donnée, il provoquait cet embarras chez son interlocuteur en mettant en question la validité de cette réponse, en soulevant une ambiguïté, une contradiction, en suscitant la discussion. Épictète. procède de même: Il problématise, càd après chaque affirmation, il pose une question qui amène à réfléchir sur cette affirmation, à la remettre en cause, à la dépasser. La problématisation, c'est l'activité intellectuelle par laquelle on met en question une certitude première et c'est un des moyens de susciter le sentiment du conflit. Commencer à