La problématique juive est intimement liée à l’histoire de l’exil qui remonte au VIème siècle avant J.-C lorsque les juifs ont été chassés de Jérusalem. A cet effet, le monde entier a toujours été défavorable à cette minorité qui tentait l’intégration à d’autres communautés, ce qui a dans la plupart du temps abouti à l’échec. La destruction du temple de Jérusalem et la répression des dernières velléités d'indépendance au iie siècle n'entament pas ce loyalisme envers la Terre d'Israël, qui est constamment entretenu par la pratique religieuse : lecture de la Bible et de ses commentaires, prière, liturgie synagogale. L'immigration (aliya) continuait à se diriger vers Eretz Israël pour des motifs religieux : étude de la Torah dans les grands centres religieux du pays (Jérusalem, Safed, Hébron, Tibériade) – avec la volonté d'être enterré dans une terre choisie par Dieu. Toutefois, bien que le lien physique avec Jérusalem n'ait jamais été rompu, le rapport à Sion devenait de plus en plus spirituel et de moins en moins réel au fur et à mesure que l'exil se prolongeait. Il faudra attendre le XIXe siècle pour que cette relation à Israël devienne à nouveau plus concrète et davantage imposante.
Bien que Theodore Herzl soit le théoricien et le fondateur de l'organisation qui sera l'instrument de mise en pratique du sionisme, ses idées sont le fruit d'autres intellectuels dont les essais, arrivant peut-être trop tôt, n'eurent que peu d'échos. Ce sont les hommes qu'on a pris coutume d'appeler les « précurseurs du sionisme ».
I – De Sion au sionisme étatique :
1 – Les précurseurs du sionisme :
Dans les années 1850-1860, une mouvance de Rabbins vont commencer à s’autoproclamer comme les avocats du retour à Sion à travers l’action individuelle et volontaire des juifs. Ces initiateurs du mouvement national juif, représentés de façon éminente par les rabbins Yehouda Alkalai (1795-1874, séfarade de la Serbie) et Zvi Kalisher ( 1812-1875 ; Ashkénaze de Prusse orientale) ont