Le substrat de la démocratie est-il constitué de valeurs ou de structures ?
Selon la formule bien connue de A. Lincoln et reprise dans la constitution française de 1958, la démocratie est souvent définie comme étant « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ». Il s'agirait en effet d'un régime politique où le peuple exerce sa souveraineté c'est-à-dire garantissant l'égalité de droit entre tous les citoyens. Ainsi, il semblerait que la démocratie soit
définie à l'aune de ses objectifs : la constitution de citoyens libres et égaux capables de prendre les
décisions concernant la cité. Pourtant la question de la prise de décision n'est pas dissociable de la
manière dont ces décisions sont prises. En effet, de quel citoyen parle-t-on ? Quels sont les moyens
mis en œuvre pour permettre une liberté et une égalité effective ? Ainsi, le fond prime t-il sur la
forme ou est-ce l'inverser ? On peut donc se demander si les fondements de la démocratie reposent
sur l'agencement entre les différentes pratiques permettant aux citoyens de participer de manière
libre et égale aux décisions ou bien sur l'idéal à atteindre par la société ? Plus simplement posée, la
question est celle de savoir si la démocratie s'est construite sur des valeurs ou par rapport à des
structures ? Nous verrons dans un premier temps la complexité de la démocratie tiraillée entre
objectifs et moyens de mise en œuvre de ces objectifs (I), mais qui nous donne les pistes pour
renouveler la démocratie aujourd'hui (II).
I) Entre valeurs et structures : la démocratie se cherche
Il est tentant de dire que la démocratie repose sur des valeurs. En effet, dès l'origine elle est
basée sur la recherche d'égalité et de liberté des citoyens. Pour autant, ne peut-on pas aussi
remarquer qu'à chaque fois que la démocratie est apparu comme régime politique, elle fut grâce à la
mise en place d'institutions ayant permis une meilleure participation du citoyen dans la vie
politique.
A) Primauté des