Le système anglais ne consiste point en l'absorption du pouvoir exécutif par le pouvoir législatif, il consiste en leur fusion.
Alors que le premier parle de l’unité entre l’exécutif et le législatif, le second emploie les termes d’union et de fusion pour définir les relations entre les deux pouvoirs. Bagehot nous dit en effet que « [l]’efficacité secrète de la constitution anglaise réside dans l’étroite union, dans la fusion presque complète du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif » (p. 14) ; plus loin, il poursuit en soutenant que « [le] système anglais ne consiste donc point dans l’absorption du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif, il consiste en leur fusion » (p. 20).
Autrement dit, il semblerait que la conscience des problèmes soulevés par la conception traditionnelle de la séparation des pouvoirs conduise à opérer un « retour » à la conception originelle de ladite séparation des pouvoirs. Selon le professeur Michel Troper, deux soucis animent cette conception originelle : d’abord, la question de savoir quelle est l’organisation dans laquelle l’obéissance est uniquement obéissance à la loi ; ensuite, la question de savoir quel principe d’organisation garantit que l’obéissance est uniquement obéissance à la loi (balance des pouvoirs ou spécialisation des autorités).
La première de cette question paraît être résolue pour l’ensemble des Etats européens. Ils semblent en effet partager un même modèle de démocratie représentative et parlementaire (Hugues Portelli, Les régimes politiques européens, Paris, Le livre de poche, 1994, p. 13 ; Anne Gazier, « Une démocratie parlementaire à l’européenne ? », Pouvoirs, n°106, 2003, pp. 69-84 ; Philippe Lauvaux, dans Les grandes démocraties contemporaines, Paris, PUF, 2004, p. 59). En revanche, la réponse à la deuxième question paraît plus délicate à fournir : les régimes des Etats européens n’optent pas pour une balance des pouvoirs à l’américaine, alors même qu’ils s’appuient sur une collaboration des