Le théâtre
Traditionnellement, et étymologiquement, le théâtre est associé au spectacle, divertissant de préférence car tellement artificiel (saucissonné en actes, scène, avec des personnages parfois « boursouflés » comme le dit JJ Rousseau) qu’il renvoie à de la superficialité et de la technique plus qu’à de la réflexion et de la philosophie en tout cas. Penser le théâtre comme un lieu de divertissement strict relève cependant du contresens historique et littéraire ; de tous temps, le théâtre peut se faire tribune, aborder des thèmes polémiques ou proposer une réflexion, implicite ou explicite sur la société et l’humain, certains auteurs portant même haut cette notion de « théâtre d’idées », tel Beaumarchais, donné ici en corpus.
La question est de savoir d’abord dans quels cas le théâtre peut être le support d’une idée voire d’un idéal, puis de savoir jusqu’où il se révèle efficace ; enfin on verra que le théâtre n’est évidemment pas l’unique tribune possible pour nos écrivains.
Le théâtre contrairement au stéréotype qui voudrait que ce ne soit qu’un lieu de masques et jeux de scène, se révèle souvent une tribune subtile et marquante pour faire passer des idées voire pour alimenter la polémique.
Le théâtre peut devenir une tribune, assumée, revendiquée par un auteur engagé et polémique. Ainsi dans le théâtre contemporain, les dramaturges européens utilisent-ils le théâtre comme lieu d’expression politique, comme Bertholt Brecht en Allemagne dont le théâtre même lorsqu’il réécrit des mythes grecs, est à lire comme un coup de poing politique et idéologique. Lire l’Antigone de Brecht, ou son Irrésistible ascension de Arturo Ui, c’est évidemment lire l’appel à la résistance anti-nazie, et prendre avec les mots, les armes. Bertold Brecht est connu pour être une des consciences de l’Allemagne des années 50 et pour ses prises de position tranchées. Son moyen d’expression favori est sans conteste, le