Le travail du castor
Activité 5
1. De la division de travail
A travers ce dialogue entre Socrate et Adimante, Platon (428-348 av. J.C.) met en évidence la nécessité de répartir les fonctions et les tâches au sein de la société. L’individu doit se spécialiser afin de produire mieux et plus.
« SOCRATE — Faut-il que chacun remplisse sa propre fonction pour toute la communauté, que l’agriculteur, par exemple, assure à lui seul la nourriture de quatre, dépense à faire provision de blé quatre fois plus de temps et de peine, et partage avec les autres, ou bien, ne s’occupant que de lui seul, faut-il qu’il produise le quart de cette nourriture dans le quart de temps, des trois autres quarts emploie l’un à se pourvoir d’habitation, l’autre de vêtements, l’autre de chaussures, et, sans se donner du tracas pour la communauté, fasse lui-même ses propres affaires ? ADIMANTE — Peut-être, Socrate, la première manière serait-elle plus commode. — Par Zeus, ce n’est point étonnant. Tes paroles, en effet, me suggèrent cette réflexion que, tout d’abord, la nature n’a pas fait chacun de nous semblable à chacun, mais différent d’aptitudes, et propre à telle ou telle fonction. Ne le penses-tu pas ? — Si. — Mais quoi ? dans quel cas travaille-t-on mieux, quand on exerce plusieurs métiers ou un seul ? — Quand, dit-il, on n’en exerce qu’un seul. — Il est encore évident, ce me semble, que, si on laisse passer l’occasion de faire une chose, cette chose est manquée. — C’est évident, en effet. — Car l’ouvrage, je pense, n’attend pas le loisir de l’ouvrier, mais c’est l’ouvrier qui, nécessairement, doit régler son temps sur l’ouvrage au lieu de le remettre à ses moments perdus. — Nécessairement. — Par conséquent on produit toutes choses en plus grand nombre, mieux et plus facilement, lorsque chacun, selon ses aptitudes et dans le temps convenable, se livre à un seul travail, étant dispensé de tous les autres. » Platon, La République, trad. E. Chambry, Ed. « Les Belles Lettres ».
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