Le téléchargement illégal
Excellence,
Très exactement 316 ans après la publication de votre œuvre ‘Maximes et Réflexions sur la Comédie’, moi, élève ordinaire du Lycée Descartes à Rabat, je me permets de vous écrire au sujet d’un extrait du Chapitre XII, lu en classe, dont je ne peux approuver les idées qui m’ont poussé à exprimer quelques de mes propres réflexions.
En premier lieu je pense que ‘le trouble, la commotion de l’esprit’ provoqués selon vous par ce genre de spectacle, sont à relativiser. En regardant une comédie, le spectateur est plutôt éloigné de la réalité que d’en être rapproché par les modifications et déformations que l’auteur y a apportée. Toute la douleur, l’amertume et la souffrance qui accompagnent souvent dans la vraie vie les périodes de ‘passions excitées’, de séparations ou de vengeances conjugales ne sont pas montrées sur scène ou, tellement modifiées, n’entraînent que le rire et ne reflètent plus la réalité beaucoup plus triste ou dure. Les actes et sentiments sont souvent exagérés, ridiculisés ou invraisemblables à tel point que la scène est plutôt de l’ordre de la ‘critique’ de la société ou de la pure ‘fiction’. Ainsi, le spectateur ne pouvant s’identifier complètement aux personnages de la comédie, reste détaché et observateur et n’est guère ‘contaminé’ par ce qui se produit sur scène.
De même, le plaisir momentané qu’il y trouve et que vous désapprouvez profondément car il étoufferait, même le moment de regarder le spectacle, ‘ l’esprit de prière’ du chrétien n’est-il pas plutôt innocent et même libérateur ? Il ne mène pas inévitablement un chrétien convaincu ‘dont le cœur est le sanctuaire de la paix’ au péché ou au mal. De nos jours, comme à votre époque le théâtre, la télévision, les films ou les jeux sont souvent critiqués et désignés responsables de certains maux dans la société. Une influence qui reste ouverte à la discussion et qui n’est pas du tout démontrée pour des gens mentalement stables. Après tout,