Lecture analytique supplément au voyage de bougainville
Introduction
Les deux personnages envisagent la question de la sexualité àTahiti. Or cette question est un point qui séduit l’imaginaire du XVIII ème siècle parrapport au monde sauvage. C’est le problème du libertinage amoureux, qui s’est également posé dans la littérature avec des œuvres comme Les égarements du cœur et de l’esprit de Crébillon ou Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Le discours d’Orou est d’ailleurs lancé parle mot « libertin ».
Diderot s’inspire donc d’un sujet traditionnel du discours sur les mœurs sauvages : la sexualité.
Mais son approche est originale : il n’y a pas de pittoresque douteux. La liberté sexuelle tahitienne n’est pas traitée en tant que telle, mais comme un instrument de la critique des mœurs européennes. L’utopie tahitienne devient un instrument de la critique de l’Europe.
I. Un dialogue critique
1) Fonctionnement du dialogue entre l’aumônier et Orou
a) Cet extrait se structure en deux parties fortement antithétiques, toutes deux construites sur le même schéma :
- succession de répliques courtes: l. 1 à 12 ; l. 37 à 46,
- puis une longue réplique qui expose le fonctionnement d’une société : l’Europe l. 13 à 36 ; puis Tahiti l.
47 à 64
domination d’Orou : dansles deux cas, c’est lui qui énonce lesrépliques les plus longues b ) Les premières répliques de l’aumônier sont l’affirmation de « vérités », celles de l’aumônier, c’est-à-dire celles de la religion catholique, elles sont de l’ordre du jugement : phrases déclaratives, structure simple ;
A l’assurance de l’aumôniers’oppose le refus d’Orou : longuement développé,riche en procédés.
c) Apparemment les deux interlocuteurs entretiennent une relation d’amitié maisil s’agit en fait un dialogue de sourds. L’aumônier ne répond pas aux questions d’Orou qui n’en sont d’ailleurs pas de réelles, mais plutôt une façon de rompre le dialogue