Lecture réfléchie et lecture naïve
L’écrivaine Marguerite Yourcenar, s’entretenant avec un écrivain au sujet de son livre Mémoires d’Hadrien (1951), affirme : « Rares sont ceux qui ont vu l’ensemble du livre. En général, les gens ne voient pas l’ensemble, ils voient la saillie, l’angle qui se rapproche d’eux. Les gens regardent toujours d’un livre la facette qui reflète leur propre vie. »
Pour l’auteure pré-citée, il existe donc deux niveaux de lecture, l’un propre à chaque lecteur en fonction de sa sensibilité, l’autre plus réfléchie et globale.
Face à cette affirmation de Marguerite Yourcenar, nous pouvons donc nous demander s’il est possible de lire un livre de façon complète et efficace tout en respectant son plaisir de lecteur.
Pour répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps l’accès du lecteur ingénu à la vision partielle de l’œuvre et dans un second temps, l’accès du lecteur averti à la vision globale de l’œuvre.
Tout d’abord, il est évident que toute personne, lorsqu’elle lit un livre, en perçoit, ne serait-ce qu’inconsciemment, la dimension personnelle. Si l’on suit le propos de Marguerite Yourcenar, rares sont ceux qui ne sont pas attirés par cet aspect et donc, rares sont ceux qui ne procèdent pas à une lecture que l’on qualifierait de naïve. La lecture naïve à une lecture sans réelle réflexion, fluide, une lecture primaire, qui va à l’essentiel et dans laquelle le lecteur se projette facilement.
Prenons l’exemple du phénomène mondial de la saga Hunger Games, écrite par Suzanne Collins.
Dans l’ensemble, les lecteurs de cette trilogie s’attacheront aux personnages facilement identifiables et suivront avec beaucoup d’attention les histoires complexes et pourtant naïves d’amour, d’amitié et d’aventure qui ponctuent la narration. Cela pourrait s’expliquer par la moyenne d’âge