Les animaux des fables sont ils des personnages ?

479 mots 2 pages
On le sait, les travaux de Hans Robert Jauss, de Wolfgang Iser et d'Umberto Eco[1] ont opéré un changement de paradigme dans la théorie littéraire, en affirmant replacer le lecteur au centre de l'étude de la littérature. La plupart des questions traditionnelles de la théorie littéraire se sont vues ainsi reposées à nouveaux frais; ainsi celle du personnage, dont s'est occupée tout particulièrement Vincent Jouve dans L'Effet-personnage dans le roman[2], qui entendait montrer le rôle actif du lecteur dans la construction du personnage, et, plus précisément, la façon (ou les façons) dont les romans produisent auprès de leur lecteur un «effet-personnage»: le personnage n'est ainsi plus tout à fait une donnée du texte, mais le produit d'une coopération réglée entre le texte et le lecteur.

Je voudrais réexaminer ici les propositions de Vincent Jouve sur cet «effet-personnage» que produiraient les textes sur leurs lecteurs, et, plus largement, poser la question suivante: les «théories de la réception» théorisent-elles la réception? Je procèderai en opérant un double déplacement. D'une part, je m'intéresserai, plutôt qu'à la description idéale des opérations accomplies par le «lecteur modèle» volontiers convoquée par les théoriciens de la réception, à l'étude d'un certain type de lecture, qui a l'avantage (si c'en est un) d'être attesté ou réel, bien que non superposable à l'ensemble des lectures dites «ordinaires»: je veux parler du commentaire critique[3]. D'autre part, je choisirai un exemple tout à fait extérieur au corpus retenu par Vincent Jouve pour sa description de «l'effet-personnage», non pas un roman, mais un genre, et une œuvre, que Jouve exclut résolument de son corpus: l'apologue, et les Fables de La Fontaine.

Cette exclusion repose sur la proposition suivante: l'apologue est une fiction dépourvue de tout personnage; ou, plus exactement, il ne saurait produire sur son lecteur d'effet-personnage. C'est du moins ce que l'on est invité à déduire

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