Les banques centrales sont-elles indépendantes
Cet ouvrage nous propose un éclairage sur la question de l'indépendance des banques centrales sous forme de débat, confrontant les positions de deux spécialistes du sujet : Philippe Moutot et Edwin Le Héron. P. Moutot engage la controverse en mettant en lumière le bien-fondé de cette indépendance en deux points. Jusque dans les années 70, les banques centrales étaient soumises aux autorités politiques. Le keynésianisme prévalait et laissait à penser qu'il y avait un lien à long terme entre inflation et croissance. La stagflation qui s'en est suivie a remis en cause ce lien et l'aptitude du pouvoir politique à contrôler la conjoncture laissant le champ libre aux préceptes du monétarisme ajouté à la théorie des anticipations rationnelles de la NEC. La lutte contre l'inflation (recherche de la stabilité des prix) devenait ainsi une condition sine qua non à la croissance économique. En second lieu, pour légitimer cette indépendance, P. Moutot nous dit que les banques centrales sont plus efficace pour lutter contre l'inflation en étant indépendantes en s'appuyant notamment sur des études empiriques. L'idée est que la politique monétaire ne doit pas relever du gouvernement sous peine de créer un biais inflationniste dû aux incohérences temporelles. Il ajoute que dans le cadre de l'indépendance, la politique monétaire n'est plus subordonnée au pouvoir politique et donc aux cycles électoraux. Il parle donc de crédibilité des banques centrales indépendantes qui permet de réduire le biais inflationniste. E.Le Héron en s'appuyant sur l'analyse keynésienne montre d'abord qu'à long terme la monnaie n'est pas neutre et influence bien l'économie réelle. Puis par des explications pertinentes il critique vivement la théorie de « l'indépendance des banques centrales ». Il réfute aussi l'idée que les forces du marché vont conduire naturellement vers un équilibre à long terme. Il adopte la position des économistes hétérodoxes qui considèrent « que le long terme se