Les bonnes de Genet, réaliste, irréaliste ou simplement étrange? C’est en 1947 que Jean Genet publie Les bonnes, une pièce de théâtre digne de la marginalité de cet auteur. Elle raconte l’histoire de deux bonnes, Claire et sa sœur aînée, Solange. Sous leur apparence dévouée et honnête, les deux sœurs haïssent leur maîtresse, une femme fortunée, que l’on appelle Madame. Elles auront comploté pour faire enfermer Monsieur, l’amant de Madame, par des lettres de dénonciation, se vêtiront des robes de leur maîtresse en son absence et tenteront de l’empoisonner avec une tisane de tilleul, laquelle contient une dose mortelle de gardénal. La pièce est subdivisée en cinq parties. Dans la première partie, Claire incarne, comme le fait une actrice de théâtre, le personnage de Madame, la montrant comme une dominatrice n’ayant aucun respect pour sa bonne Claire, ici jouée par Solange. Dans la seconde partie, les deux sœurs redeviennent elles-mêmes, anticipant le retour de Madame, et préparent son arrivée : elles rangent les accessoires utilisés et effacent les traces de leur mise en scène qu’elles nomment « cérémonie ». Dans la troisième subdivision, l’appel de Monsieur, par lequel il annonce à Claire qu’il est libéré provisoirement, fait naître chez les sœurs la crainte d’être démasquées dans leur complot et les pousse à vouloir empoisonner leur maîtresse. L’arrivée de cette-dernière, Madame, constitue le début de la quatrième partie, partie durant laquelle Madame manifeste son exaspération face à l’incarcération de son amour. Contrairement à l’image que Claire projetait d’elle lorsqu’elle l’incarnait dans la cérémonie, la maîtresse se montre douce et généreuse avec ses bonnes en leur offrant robes et fourrures. Malgré tout, Claire et Solange tentent de l’empoisonner, mais avant que Madame ne boive l’élixir mortel, elle apprend que son amant a été relâché et prend un taxi pour aller le rejoindre. Enfin, dans la dernière partie, le jeu des sœurs reprend. Claire incarne à