Le pouvoir français en place doit également trouver des terres à exploiter. Il rachète, sur les fonds de réserve budgétaire, des terres appartenant aux henchirs (domaines donnés en fief), au domaine des tribus et aux habous. Avec les colons, de nombreux agriculteurs tunisiens ont acquis les terres qu’ils ont cultivées. Un décret de 1886 autorise l’immatriculation des habous, et les domaines des tribus redeviennent propriété de l’État. Ainsi en 1914, les Français possèdent 700 000 hectares de terres fertiles et les autres Européens 134 000. L’agriculture coloniale est moderne et productive, elle fournit la France en particulier en céréales et huile d’olive.
Le pays se dote lentement d’équipements sanitaires, des hôpitaux ouvrent leurs portes, des campagnes de vaccination permettent d’éradiquer le choléra et le typhus.
L’armée tunisienne est réduite à quelques centaines d’hommes confinés à la garde beylicale. Mais, les menaces de troubles dans le pays amène les autorités françaises à mettre en place une troupe mixte franco-tunisienne en 1882, sous le commandement d’officiers français. Devenue le 4e Régiment des tirailleurs tunisiens (RTT), en 1884, elle participe à plusieurs combats à Tonkin, au Maroc, etc. avant d’incorporer l’armée française à de la première guerre mondiale (1914-1918).
La vie culturelle et artistique se développe également sous l’influence des colons français et des Italiens, en particulier. Mais les mouvements intellectuels tunisiens sont souvent imprégnés de nationalisme. C’est que dès 1907, des représentants de l’élite tunisienne, sensibilisés aux idéaux démocratiques européens se regroupent (Parti des Jeunes tunisiens) pour militer pour l’indépendance de la Tunisie. Puis, en 1920, des groupes nationalistes s’unissent pour former le Destour (Constitution). Les autorités, pour étouffer ces cris du cœur, ne cessent jusqu’aux années cinquante de multiplier les mesures répressives, les interdictions et les arrestations, mais en