Les dramaturges africains
Ce Congrès considère qu’il est du ressort des intellectuels noirs de soulever dans un souci prophétique, certaines exigences, certaines valeurs qui passent inaperçues aux yeux du plus grand nombre, d’éveiller à des questions concernant le développement de l’Afrique, de susciter des comportements nouveaux mieux adaptés à l’exigence de présence, de solidarité, de responsabilité. Toute une pédagogie en procède. Mais ces entreprises sont vouées à l’échec si elles ne s’accompagnent pas d’un intense travail de sensibilisation et de conscientisation. Le théâtre est aux yeux de Césaire le moyen d’expression privilégié pour « restituer l’histoire d’un peuple trop souvent frustré de son passé, trouver le ferment favorable à une authentique conscience d’espèce africaine ». Il s’agit de traduire, pour un public non averti, des intentions et des idées, à la faveur de la communication directe et concrète que le théâtre opère d’homme à homme, de son pouvoir de « donner à voir » :
« Le monde noir traverse une phase extrêmement difficile. En particulier, avec l’accès à l’indépendance des pays africains, nous sommes entrés dans le moment de la responsabilité. Les Noirs désormais doivent faire leur histoire. Et l’histoire des noirs sera vraiment ce qu’ils en auront fait... On s’interroge soi-même, on essaie de comprendre, or, dans le siècle où nous sommes, la poésie est un langage qui nous paraît plus ou moins ésotérique. Il faut parler clair, parler net, pour faire passer le message. Et il me semble que le théâtre peut s’y prêter et il s’y prête bien » [1].
C’est aussi l’avis d’Antonin Arthaud pour qui le théâtre est un éveilleur et dont l’effet est