Les déchargeurs de charbon monet
Coralie Grafé
Les charbonniers,
CLAUDE MONET, 1875, huile sur toile, 55 x 66 cm, musée d’Orsay, Paris
L’intrus des œuvres de Monet
Lorsqu’il résidait à Argenteuil, de 1871 à 1878, Claude Monet se rendait de temps à autre à Paris et empruntait le pont ferroviaire d’Asnière. Celui-ci apparaît en premier plan sur le tableau. Bien souvent, sur son trajet de la capitale à la banlieue, Monet apercevait les ouvriers des péniches appelés les charbonniers, où encore, les déchargeurs de charbon. Arrivés au quai de débarquement, ils posent sur leurs épaules un panier rempli de charbon, marchent en équilibre sur les planches et vont vider les paniers dans des charrettes qui conduiront le combustible jusqu’aux usines situées non loin.
En cette fin de 19ème siècle, on ne sait plus se passer du charbon, l’énergie principale de la révolution industrielle. Il est extrait dans le Nord de la France, ou importé de Belgique, d’Allemagne, ou de Grande-Bretagne. En effet, cette révolution est la transformation du monde grâce au développement du capitalisme, de la technique, du machinisme et des communications.
La peinture de Monet est une manière d’évoquer la vie moderne de l’époque, sous un autre aspect. Après la révolution, la Seine est plutôt un lieu industriel, qu’un lieu joyeux et civilisé. Sous le pont de Clichy, qu’on aperçoit au second plan sur le tableau, ce ne sont pas des grands voiliers qui naviguent, mais des péniches qui déchargent leurs marchandises. Les quais ne sont pas entourés d’arbres fleuris, mais de cheminées fumantes. Les promeneurs cèdent la place aux charbonniers, afin de ravitailler l’usine voisine. L’impressionniste Monet, fortement inspiré par le peintre Degas et le romancier Zola, met en évidence le travail des ouvriers, en y ajoutant tout un contexte non plus urbain, mais industriel. En effet, les tons peu colorés allant du vert au gris, donnent à la scène une atmosphère sinistre. Les silhouettes des ouvriers, disposées en files