Le mythe est un récit légendaire transmis par la tradition, qui, à travers les exploits d'êtres fabuleux – héros et divinités – fournit une tentative d'explication des phénomènes naturels et humains. Au fur et à mesure des siècles, certains mythes sont repris, embellis, complétés et adaptés à l'époque. Ainsi, un même mythe peut survivre au temps. Il est certes modifié, mais il reste quelques traces des origines. Nous pouvons ici prendre l'exemple du mythe des Euménides que Giraudoux reprend au XXème siècle. Mais nous pouvons nous demander si Jean Giraudoux, par sa reprise originale du mythe des Euménides, ne recrée pas totalement le personnage. Nous verrons donc tout d'abord la reprise du mythe des Euménides par Jean Giraudoux, puis les différentes interprétations de la Justice par ces déesses, et enfin, leur incarnation de la fatalité.

Giraudoux reprend le mythe des Euménides, il respecte alors certaines traditions acquises au cours des siècles mais en y ajoutant une pointe d'originalité allant même jusqu'à introduire un jeu du langage.
Les Erinyes sont dans la mythologie grecque les déesses de la Vengeance. Elles sont aussi appelées les "Euménides", par crainte de prononcer leur nom, signifiant ainsi par antiphrase "les Bienveillantes". Une autre tradition explique que se sont les Erinyes elles-mêmes qui prennent le nom d'Euménides et changent leur caractère vindicatif, après qu'Athéna les convainc qu'il serait préférable de faire respecter la justice sans cruauté. C'est d'ailleurs le terme utilisé par Jean Giraudoux dans Electre; ce qui renvoie à notre problématique posant la difficulté de savoir si ce terme serait toujours une antiphrase ou s'il serait la marque de son originalité, son innovation dans l'interprétation de ces trois déesses. On retrouve aussi les Erinyes chez les Romains à travers l'appellation de "Furies". L'histoire des mythes constate qu'Euripide est le premier à préciser que celles-ci sont au nombre de trois. Suite à ce détail, les