ANTHOLOGIE

INTRODUCTION
Le recueil, « Les fleurs du Mal » publié pour la première fois en 1857, est le seul recueil de poème en vers écrit par le poète Charles BEAUDELAIRE (1821-1867). Dans le titre, « Les fleurs du mal », les fleurs sont en réalité les poèmes de Baudelaire, donc les poèmes du mal. Ce recueil est composé de 6 sections et d’un poème préliminaire « Au lecteur » qui prévient le lecteur de ce qui va suivre : Il ouvre le recueil. La section « Spleen et Idéal » est la plus importante en quantité car elle contient 85 poèmes sur 126 recueils. En effet, Baudelaire est par excellence le poète du Spleen. Le Spleen met principalement en avant les sentiments d’angoisse et d’ennuis tandis que l’Idéal illustre l’inspiration et la perfection vers le monde des idées où toutes les contraintes sont oubliées et ignorées. Mais l’Idéal ne peut exister sans le Spleen et inversement : c’est pourquoi les deux mots sont liés et ici forment la section « Spleen et Idéal ».

POEMES : SPLEEN ET IDEAL

DON JUAN AUX ENFERS

Quand Don Juan descendit vers l’onde souterraine
Et lorsqu’il eut donné son obole à Charon,
Un sombre mendiant, l’œil fier comme Antisthène,
D’un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l’époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.
Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir ;
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et