les frontières de l'Europe
Un renforcement des contrôles douaniers en Europe ne réduira pas le risque d’une catastrophe comme celle de Lampedusa, elle ne fera que l’augmenter. Il faut trouver de vraies solutions en modifiant la politique d’asile européenne.
Suite à la catastrophe maritime du 3 octobre au large de Lampedusa (Italie) qui a coûté la vie à 366 réfugiés et migrants, les gouvernements et organisations internationales réclament à grands cris une “action ferme contre le trafic d’êtres humains”. Cela a été la réaction standard chaque fois qu’une tragédie similaire se produisait devant les côtes méridionales de l’Europe. Ce type de logique inverse cependant la causalité des événements. C’est justement l’augmentation des contrôles aux frontières qui oblige les migrants à prendre des itinéraires plus dangereux et qui les a rendus de plus en plus dépendants des trafiquants d’êtres humains pour passer la frontière.
Cette migration est surtout alimentée par la demande constante de main-d’œuvre bon marché dans l’agriculture, le secteur des services et d’autres secteurs informels. Une minorité considérable de cette migration est constituée de réfugiés qui ont fui la violence des conflits de leurs pays d’origine (Lybie, Tunisie, Mali, Tchad et bien d’autre pays du continent africain). Tant qu’on ne développera pas un plus grand nombre de voies d’immigration légales et tant qu’on refusera aux réfugiés l’accès aux procédures de demande d’asile, la majeure partie de cette migration continuera à se dérouler dans l’illégalité.
Il est quasiment impossible de fermer les côtes étendues de la Méditerranée. Les contrôles aux frontières ont en grande partie manqué leur but. Dans les années 90, on avait accru les contrôles dans le détroit de Gibraltar sans réussir à arrêter l’immigration. Du coup, les itinéraires de migration africains par voie terrestre se sont déplacés au cours de la première décennie du XXIe siècle vers l’Est et le Sud.
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