Les inégalités en france sous la v ème républiqueappréciation et mesure
On sait depuis Tocqueville que la mise en place progressive de sociétés fondées au plan politique sur la souveraineté populaire est synonyme d’un processus tendant vers l’égalité des conditions qui combine une égalité juridique et politique, une égalité des chances et nécessairement une dimension d’égalité réelle puisqu’une telle société repose sur une culture de l’égalité. Il avait déjà vu que l’égalité se dérobe quand on croit l’avoir atteinte c’est-à-dire que l’idéal égalitaire souffre continûment de sa confrontation à la réalité économique et sociale. Nous sommes donc dans une société marquée par une diversité d’inégalités qu’il s agit d analyser et d’expliquer.
L’exclusion est une forme d’inégalité (comme l’atteste l’usage du terme de « pauvreté ») et que l’inégalité débouche sur l’exclusion (l’inégalité hommes/femmes, par exemple, aboutit à exclure ces dernières du jeu politique).
Définir le concept d’inégalité (ou d’égalité) semble a priori trivial (n’a-t-on pas spontanément l’idée d’une situation inégalitaire ? Celle-ci ne se présente-t-elle pas souvent avec la clarté de l’objet mathématique ?) . A moins que ce ne soit au contraire une ambition inouïe ; Tocqueville, lui-même, se moquait de sa propre habileté à manipuler le concept d’égalité : polysémique, changeant, insaisissable.
Aujourd’hui encore, sociologues, philosophes et économistes se confrontent autour de la notion jusqu’à essayer de lui substituer le terme « équité » ou de consacrer des ouvrages à tenter de penser (ou repenser) le concept.
Entre les deux, on ne peut que proposer une définition provisoire et donc insatisfaisante de l’inégalité, plutôt que de l’égalité, en partant du constat évident de la différence entre individus et groupes : il y a inégalité, selon P. Giraud, lorsqu’une différence se transforme en avantage ou en inconvénient au sein de la vie sociale. Etre grand ou petit est une différence qui devient une inégalité lorsqu’il s agit de postuler à un