Les Inge Nus Verlaine
Les Ingénus (1869)
1. Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
2. En sorte que, selon le terrain et le vent,
3. Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
4. Interceptés ! - et nous aimions ce jeu de dupes.
5. Parfois aussi le dard d'un insecte jaloux
6. Inquiétait le col des belles sous les branches,
7. Et c'était des éclairs soudains de nuques blanches,
8. Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.
9. Le soir tombait, un soir équivoque d'automne :
10. Les belles, se Pendant rêveuses à nos bras,
11. Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
12. Que notre âme depuis ce temps tremble et s'étonne.
Ce poème a été écrit par Paul Verlaine, un poète français né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Ce jeune artiste est considéré comme un maitre de son temps. Sa triste vie criblée d’obstacles, de deuils et de dépravation lui aura value le titre de poètes maudit. Il a écrit moins d'une dizaine de courts recueils publiés entre 1866 et 1890. Ses poèmes sont souvent imprégnés de fortes sensations et d’une incroyable musicalité. Ses œuvres, associant mélancolie et clairs obscures sont souvent mises en relation avec le mouvement de peinture impressionniste.
Le poème que nous analyserons par la suite, est le septième poème des fêtes galantes. Un univers dont les paysages et les personnages sont empruntés à la comédie italienne et à l’œuvre de Watteau. Un peintre français du XVIIème et l’un des créateurs représentants du mouvement rocaille.
Ce poème, paru en 1869, en trois strophes compte douze vers tous en alexandrin, ce qui a pour effet de donner un rythme assez lent au poème bien que le mouvement soit très présent. Les rimes sont embrassées. Le narrateur est présent dans ce poème sous la forme d’un homme intégré à l’histoire comme nous pouvons le constater avec les « nous » apparaissant au vers quatre, huit, dix et douze. Ce « nous » très présent pourrait reprendre non pas un