La diffusion des châteaux forts vers l’an 1000 signale qu’ils sont liés à un type particulier de société, dite « féodale ». La disparition de l’État carolingien et la régionalisation des pouvoirs, le transfert de l’autorité régalienne vers des pouvoirs locaux (la féodalisation), provoque l’insécurité liée à la rivalité des grands possédants et des petits chefs. En favorisant l’éclosion de nombreuses autorités régionales et locales, qui ont besoin d’hommes de mains, de polices, cette régionalisation militarise la société et favorise l’érection de nombreux lieux fortifiés. Du xe au début du xviie siècle, l’Europe se hérisse ainsi de châteaux qui tous symbolisent un pouvoir sur les hommes et la terre. Plus le pouvoir territorial des principautés régionales est fort, moins il y a de châteaux, au contraire plus il est faible, plus ils sont précoces et nombreux. Ainsi, dans les régions germaniques (à l’est d’une ligne Saône-Rhône) où l’empereur reste puissant jusqu’au xiiie siècle, l’apparition des châteaux est plus tardive et la diffusion plus limitée (au moins jusque vers le deuxième quart du xiie siècle). Dans le midi et l’ouest de la France où le pouvoir royal est absent et les autorités régionales des ducs et des comtes limitées, les châteaux sont beaucoup plus nombreux et apparaissent de façon nettement plus précoce (parfois dès la fin du ixe siècle, plus couramment dans la seconde moitié du xe siècle). Le développement de la royauté capétienne les limite dès le xiiie siècle. Si la disparition de l’État central et la régionalisation forcée de l’Europe, provoquée par les intérêts des chefs de guerre et des grands possédants, a fait naître le château (au xe siècle dans l’Ouest de la France, aux XIIe-XIIIe siècles dans l’Empire : Allemagne, Est de la France, Italie), le développement des États modernes les fait disparaître au xviie siècle.
Tous les possesseurs de château n’ont pas la même autorité seigneuriale. Les princes, comtes et grands dynastes, qui exercent une