LES MOUVEMENTS SOCIAUX
Dans une société démocratique, la légitimité vient de l’élection. Mais jusqu’à quel point ? Le problème est la difficulté française à réformer sans crise, qui tient en bonne partie à une conception de la démocratie comme victoire de 51% de la population sur les 49% restants et aussi au fait que les représentants sont assez peu représentatifs (combien d’ouvriers ou d’employés à l’Assemblée ?). De fait, les manifestations ont souvent bloqué des projets importants : sur l’éducation en 1984 ou sur la protection sociale en 1995, par exemple. Les réformes sociales marquantes ont souvent résulté de mouvements sociaux plus que des élections. On pense évidemment à mai 1968, débouchant sur de fortes hausses de salaires, mais aussi sur l’extension des droits syndicaux. Ce sont les grèves de juin 1936, venant après la victoire du Front populaire. Un peu différent est le cas des grandes réformes de la Libération : la disqualification d’un patronat parfois collaborationniste et le sentiment d’unité nationale ont permis des réformes sociales importantes, même si elles ne sont pas allées à leur terme, qui aurait été l’unification de la protection sociale.
Cette longue histoire de progrès parfois obtenus par la crise s’accompagne d’une tradition révolutionnaire qui demeure beaucoup