Les racines lib rales classiques de la doctrine marxiste des classes
Stéphane Couvreur mai 20, 2011
Articles, En avant, Histoire de l'école française
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Par Ralph Raico
Traduction : Stéphane Geyres
Ralph Raico est professeur émérite en histoire européenne au Buffalo State College, et Senior Fellow au Mises Institute. C’est un spécialiste de l’histoire de la liberté, de la tradition libérale en Europe, et de la relation entre la guerre et la montée de l’État. Il est l’auteur de La place de la religion dans la philosophie libérale de Constant, Tocqueville, et Lord Acton.
Le texte au format pdf (300ko).
Peu d’idées sont aussi étroitement associées au marxisme que les notions de classes et de lutte des classes. Il est par exemple impossible d’imaginer ce que la philosophie marxiste de l’histoire ou la théorie révolutionnaire marxiste seraient en leur absence. Pourtant, comme beaucoup d’autres concepts du marxisme, ceux-ci restent ambigus et contradictoires[1]. Ainsi, alors que la doctrine marxiste enracine soi-disant les classes au sein du processus de production, le Manifeste du parti communiste affirme dans ses premières lignes célèbres :
L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, bref oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une lutte ininterrompue…[2]
À l’examen, ces paires opposées se révèlent, pour tout ou partie, des catégories non pas économiques, mais juridiques[3].
Ni Marx ni Engels n’ont jamais résolu les contradictions et les ambiguïtés de leur théorie dans ce domaine. Le dernier chapitre du troisième et dernier volume du Capital, publié à titre posthume en 1894, est intitulé « Classes[4] ». Marx y déclare : « La première question qui se pose est la suivante : Qu’est-ce qui constitue une classe ? » « A première vue, » cela semble être « l’identité des revenus et des sources de revenu. »