Les regrets "las, ou est maintenant" du bellay
A. L'opposition entre le passé et le présent
Coupure radicale soulignée par des reprises de mots: « mépris de Fortune » repris au v.9 par “ la Fortune est maitresse de moi ”, “ honnête flamme ” (v.4) repris par la “ divine ardeur ” (v.13).
Du Bellay souffre de sa perte d’inspiration. Il compare un passé heureux (2 quatrains) avec un présent de souffrance (2 tercets). Il nous montre que c’est quelqu’un d’actif face aux évènements « ce mépris de Fortune » (v1), il maitrisait la Fortune alors que « maintenant » (v9) c’est elle qui le maitrise « la Fortune est maitresse de moi » (v9). Le système d’opposition se poursuit avec l’utilisation d’un jeu d’antonyme des mots « aux doux plaisirs » (v.5) répondent les «mille maux et « regrets » (v.11), et aussi avec la présence au vers 11 du mot « serf », mot fort connotant l’esclavage par opposition au vers 2 à « vainqueur ». Ca souligne le caractère fermé de la situation du poète et son impossibilité d’en sortir.
B. Les interrogations et les réponses
Après les interrogations angoissées, Du Bellay donne ici les réponses attendues. Il a perdu l’inspiration divine et exprime ici le sentiment douloureux. Il répond à la question «je les menais danser aux rayons de la Lune ? » (v8) dans le dernier vers « et les Muses de moi, comme étranges, s’enfuient » (v14) qui contraste avec le vers 8. Le dernier tercet conclue et rappelle la perte des ambitions. Ceci est rendu par l’antéposition (placer un mot devant un autre) des compléments d’objets « de la postérité je n’ai plus de souci… » (v .12) et par la syntaxe (construction) négative du deuxième hémistiche (vers 12-13) et qui insiste une fois de plus sur le côté irrémédiable, résigné, de cette perte. La disparition du plaisir poétique est suggérée par l’image insolite du dernier vers : « et les Muses de moi, comme étranges, s’enfuient » qui contraste avec le vers 8. Le rythme 4+2/4+2 donne une certaine grandeur à cet alexandrin qui clôt le