Les rites de passage
A) Définition et caractéristiques des rites de passage
Notre époque a la nostalgie des rites de passage. Depuis la fin du service militaire, la désacralisation du mariage et le désenchantement du deuil, on cherche à réinventer quelque chose qui nous rapellerait ce fait simple et pourtant « incontournable »: il y a dans la vie des tépes obligées pour lesquelles il vaut mieux être préparé. Comment quitter l'enfance? Comment entrer en couple? Que signifuie avoir des enfants? Que dire et faire après la disparition d'un proche? Que ce soit dans les coutumes africaines, dans les doctrines indiennes ou dans les philosophies chinoises, nous recherchons les éléments d'une sagesse des âges qui semble nous faire défaut.
En anthropologie, la notion de rite de passage est généralement référée au travail de l'anthropologue Arnold Van Gennep, datant de 1909. selon ce dernier, les rites sont organisés en trois temps: l'individu est d'abord isolé de la communauté (séparation); il est ensuite initié aux secrets de l'autre âge (la chasse, les femmes, le sexe, la maternité, l'univers, l'invisible, ect.) (marge entre deux états), avant d'être finalement réintégré sous une toute nouvelle identité (agrégation). Petite mort, initiation, renaissance: il y a une vraie sagesse dans cette opération renouvelée. De nos jours, cette sagesse du passage se heurte à deux puissantes tendances de l'univers contemporain: l'individualisme, d'une part, qui nous persuade de l'extrême originalité et de la suprême valeur de notre existence; la perfectibilité, d'autre part, qui nous convainc que le vieillesse n'est pas une fatalité. Il n'y a donc guère d'espoir de prétendre restaurer de véritables rites de passages autrement que sous la forme du folklore. Mais cela ne signifie pas pour autant que tout seuil ai disparu. Les transitions demeurent, plus longues, plus incertaines, peut-être plus angoissantes... on les appelle des crises existentielles, qui sont à la modernité ce que le rite était à