Les saints simoniens et l'orient
Il s'agit, au préalable, de comprendre quelles sont les réalités que recouvrent le courant saint-simonien: Il peut être caractérisé comme un socialisme utopique (acception du terme socialisme conforme à la définition de la première moitié du XVIIIème, ie le prédominance du social dans la perception des problèmes). Par ailleurs, il a une dimension plus large puisqu'il s'agit d'un doctrine socio-économique ayant une incidence philosophique dont le géniteur n'est autre que le comte de Saint-Simon. Incidemment, le saint-simonisme revêt des réalités diverses mais non pas dispersées puisqu'elles sont conditionnées par un élément unificateur: l'Orient. Pour Philippe Régnier, « l'Orient [est] le pôle de la pensée saint-simonienne ». Dans cette mesure, une réflexion sur le saint-simonisme semble irrémédiablement indissociable d'une réflexion simultanée sur l'Orient, sur le regard que lui porte l'Occident duquel proviennent les saint-simoniens et donc finalement inséparable d'un regard croisé sur les relations globales qu'entretiennent l'Orient et l'Occident, regard qui conditionne sans aucun doute l'approche théorique et intellectuelle saint-simonienne. D'autre part, pour un Barrault les saint-simoniens ont « dans les mains trois affaires: l'Algérie, les chemins de fer, l'isthme de Suez » cristallisant dans cette affirmation la volonté saint-simonienne de dépasser la pure spéculation afin d'entrer dans l'action et pas n'importe laquelle puisqu'elle est essentiellement tournée vers le monde oriental. Cependant, un paradoxe indissoluble semble apparaître -du moins s'agit-il d'une ambiguïté. En effet, les saint-simoniens sont émerveillés par cet Orient plein de promesses. Incidemment, à cette volonté d'action se surajoute un idéalisme qui lui semble contradictoire dans mesure où il concrétise la volonté saint-simonienne de réenchanter le monde alors même qu'ils prônent sa rationalisation globale par le biais du progrès: « Il y a aujourd'hui