Les textes consacr s au 11 septembre fleurissent chez les libraires
Est-ce une chance de se trouver aux États-Unis le 10 septembre 2001 quand on est un écrivain français ? Un signe du destin ? Une belle opportunité à saisir ? C’était le cas de Luc Lang. Vivre la tragédie du dedans n’était pas donné à tout le monde. Pourtant, il n’était pas à New York, loin de là, mais en visite dans les réserves indiennes, en pleine nature, dans les parcs du Montana... Le narrateur se prénomme Lucas. Et, à la façon d’une grand-messe, ouvre son récit en rédigeant une prière aux disparus, à leurs voix. Leurs voix qui résonnent comme des testaments. Ultimes messages laissés sur des répondeurs, témoignages passionnels des victimes à l’attention de leurs proches et de leurs familles. Comme un souffle de vie dérisoire...
La veille de la tragédie, Lucas se promène au volant d’un pick-up. Il a rendez-vous avec un vieil Indien, Ee-Nees-Too-Wah-See. L’occasion de visiter les villages d’un peuple massacré à qui le tourisme permet de survivre tant bien que mal. Un peuple toujours mis à l’écart dans la plus grande démocratie du monde. Tous les espaces de vie se ressemblent. Partout, le même décor, la même résignation, la même bière tiède, les mêmes souvenirs proposés aux touristes, les mêmes stations-service, les mêmes regards méfiants... Lucas, enfin, se réjouit de passer la nuit chez l’un d’eux, malgré l’hostilité de plusieurs invités arrivés en même temps que lui. Pour raviver ses souvenirs d’enfant et s’isoler le temps d’une nuit, il dormira dans un tipi blanc. Mais le réveil sera douloureux. Il découvre, en même temps que les autres, les images des deux tours en feu diffusées en boucle par CNN.
L’Amérique blessée dans son orgueil. L’Amérique triomphante attaquée sur son sol, l’Amérique qui se croyait à l’abri de tout rattrapée par ces images tragiques, que le monde entier découvre en