Les trains de la misère
A la fin du Second conflit mondial, Anne O’Hare McCormick, correspondante étrangère pour le New York Times, écrivit « Personne n’a encore imaginé, encore moins regardé en face le problème humain que laissera la guerre derrière elle. Il n’y a jamais eu de telle destruction, de telle désintégration de la structure de la vie ». En effet, on ne peut comprendre l’histoire européenne d’après guerre si l’on ne cherche pas à appréhender l’impact social du conflit sur la population. En comparaison à la « Grande Guerre », la période 1939-1945, n’a pas été seulement marquée par des combats armés mais le conflit se répercuta sur les populations civiles de par les politiques d’occupations, de répressions, d’exploitations et d’exterminations. Ces facteurs politiques ainsi que les destructions matérielles ont pour conséquence, au lendemain de la Seconde Guerre, de plonger l’Europe dans une nouvelle crise. Durant sept années de guerre, Hitler ainsi que Staline déplacèrent, transplantèrent, expulsèrent déportèrent environ trente millions de personnes. Malgré le désir de reconstruction, les autorités de forces alliées sont confrontées à un phénomène inédit dans l’expérience Européenne : la crise des réfugiés. En 1945, la priorité est donc le rapatriement de tous ces individus qui fut la plus importante opération humanitaire jamais entreprise, avec le plus grand nombre de personnes prises en compte. En étant le carrefour entre l’Est et l’Ouest, l’Allemagne est en 1945, le centre de cette opération. En outre, l’ancien territoire du Troisième Reich rassemble onze millions de personnes « déplacées ». Le texte que nous allons étudier ici met en évidence la difficulté ainsi que l’ampleur de ce rapatriement. Ce texte, intitulé « Les trains de la Misère », est un article parut dans le quotidien français « le Monde » le 30 Octobre 1945. Ce journal parait pour la première fois le 18 Décembre 1944, sous la direction de publication d’Hubert