Les don juan de jean anouilh
De l’irrévérence du héros à celle de l’écriture : avènement d’une dimension réflexive et d’un regard critique sur le mythe Aurélia Gournay
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Don Juan apparaît en 1630, dans la pièce El Burlador de Sevilla du moine espagnol
Tirso de Molina. Délicat à traduire, le terme de burla résume le caractère irrévérencieux de ce premier Don Juan. Cette irrévérence s’exerce à l’égard de Dieu, tout …afficher plus de contenu…
De plus, l’irrévérence est uniquement assumée par le personnage principal : le dramaturge ne partage pas cette posture et il confère au contraire à l’histoire de Don Juan une visée apologétique : le châtiment réservé au pécheur est là pour rappeler aux nobles qui mènent une vie dissolue la nécessité de se préparer à la mort.
L’attitude du héros se radicalise par la suite : chez Molière et Mozart, la révolte est plus présente : Don Juan acquiert une dimension prométhéenne et se rapproche de la figure de
Satan. Le défi donjuanesque est souvent valorisé par les auteurs qui y voient la preuve de …afficher plus de contenu…
112.
4 Henri de Montherlant, La Mort qui fait le trottoir, op. cit., p. 123.
5 Jean Anouilh, Ornifle ou le courant d’air, op. cit., p. 54.
6 Ibid, p. 193.
7 Ibid., p. 49.
8 Ibid., p. 225.
9 Roger Vailland, Monsieur Jean, op. cit., p. 17.
10 Ibid., p. 29. pas dire « pour l’amour de Dieu » ; Dieu ce n’est pas sérieux. Pour l’amour de qui ? Pour l’amour de moi ? Bah ! disons « pour l’amour de toi », et qu’on n’en parle plus1. »
Jean Anouilh, pour sa part, reprend la scène de la profession de foi arithmétique mais en inverse le sens : « Je crois que deux et deux ne font pas quatre et que quatre et quatre ne font pas huit2. » Il étend également les références à Molière, en reprenant, au début de l’acte
II, la célèbre « scène du poumon » du Malade Imaginaire. Les personnages sont conviés à