Les écrivains dits réalistes font un énorme travail de préparation à l
Ces écrivains tentent de saisir à la fois une réalité psychologique, incarnée par les personnages de leurs romans, et une réalité sociale, historique, qui implique un ancrage de l’action romanesque dans un temps historique clairement défini.
Le réalisme consiste donc à choisir et à ordonner les faits, et non à les retranscrire dans le foisonnement de la vie. Si Madame Bovaryconfond littérature et réalité, tel n’est pas le cas des écrivains eux-mêmes, qui mettent toutes les ressources de leur art au service de leur but
Maupassant fait même œuvre de théoricien dans son étude le Roman (qui constitue une sorte de préface de Pierre et Jean), où il définit son esthétique, fondée sur une observation minutieuse qui ne refuse cependant pas une interprétation personnelle : « Le réaliste, s'il est un artiste, cherchera non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même. »
Flaubert révèle à Maupassant les ridicules de la société bourgeoise contemporaine, devant lesquels l’artiste n’a d’autre choix que d’observer et de raconter, d’être celui « qui fouille et creuse le vrai tant qu’il peut » (Lettre de Gustave Flaubert à Louise Colet, 16 janvier 1852).
Dès lors, le pessimisme de Maupassant apparaît lié à sa méthode comme écrivain, tout en reflétant les mouvements intimes de sa conscience. Dans son œuvre, le panorama de la détresse humaine se transforme à mesure que l’auteur appréhende sa propre capacité à comprendre ses semblables, à les dénoncer ou à leur pardonner.
Développée sur vingt années, l’œuvre de Maupassant trace une évolution particulière. La froideur et l’objectivité qu’il revendique ne conduisent jamais