Lettre écrite par une détenue de la gestapo
« Bien cher Monsieur,
Si je prends le crayon en main c’est d’abord pour vous remercier pour tout ce que vous faites pour moi. Je ne peux pas exprimer ce que mon cœur ressent pour vous. Je n’ai pas mérité ce que vous faites pour moi. Je prie tous les jours le Bon Dieu pour vous. Jeudi j’étais de nouveau à la Gestapo. Ca c’est encore assez bien passé. Je vous ai donc dit dans ma dernière lettre que j’ai un billet avec « Membres de notre défilé et chants pour notre défilé ».
Il m’a demandé ce que c’est-de le traduire. Je n’ai pas voulu le traduire alors un Alsacien l’a fait. Je ne lui ai jamais répondu. A la fin il a fait sortir sa secrétaire et m’a dit que je dois donc lui dire, qu’il ne le mettra pas sur le papier. Alors j’ai fit que c’était pour faire un défilé quand les Français viennent, et que celles dont les noms sont sur le papier ne savaient rien du tout. Il m’a dit qu’il l’avait deviné mais il ne l’a pas mis sur la feuille.
Je me risque donc à recevoir une gifle, et j’ai beaucoup de courage encore à vendre. Si on me met à Schirmeck1 tant pis !
Je l’aurai mérité une fois en désobéissant. C’est seulement ma pauvre Maman qui me fait pitié. Elle doit se faire malade, ne pas dormir et ne pas manger à cause de moi. Consolez la donc de votre mieux-je vous (en) serai très reconnaissante. Je veux aussi lui écrire un petit mot et que je vous supplie de lui remettre. J’écris en même temps à Suzanne. Il faut que je finisse parce qu’on va me chercher.
Veuillez croire, cher Monsieur à toute ma confiance, et à ma reconnaissance sincère.
Une prisonnière