Littérature et politique Charles Péguy , Notre Jeunesse , 1910 – Les rapports entre littérature et politique sont marqués, dans NotreJeunesse , d’une double difficulté que pose la terminologie : d’une part, la notion même de littérature interroge, puisque Péguy ne fait pas œuvre. Lui-même, se disant noyé « dans les misères du présent », représente les Cahiers de la Quinzaine comme un travail collectif et de nature journalistique. Il faut garder à l’esprit, en ce sens, que sa lecture aujourd’hui, voir son insertion dans le canon des œuvres littéraires et philosophiques, n’est tributaire que des longues polémiques l’ayant récupéré …afficher plus de contenu…

L’Église, l’armée, la justice ont souffert de que Max Weber appellera quelques années plus tard « la morale de conviction », une morale qui défend ses idéaux sans soucis des conséquences, aveugle aux avertissements des plus sceptiques. Péguy donne à la fois raison et tort à Halévy : il constate avec regret l’effondrement des institutions qui ont porté ce qu’il restait d’honneur à la république ; mais il réaffirme la supériorité de la cause en vertu de laquelle cet effondrement était justifié. Toujours enchanté par ce combat, à la manière …afficher plus de contenu…

La France vit alors une situation paradoxale : l’affaire Dreyfus est terminée, les dreyfusards ont gagné (Dreyfus ayant été gracié), mais les antidreyfusards sont très majoritaires à l’Académie, représentés par le grand intellectuel du temps, Barrès, que l’engagement antidreyfusard n’a pas discrédité. De même, ceux de l’Action Française applaudissent Péguy, et croient lire dans le mystère