Lorenzaccio
I. Éléments biographiques
A. « L’enfant prodige du romantisme »
Issu d’une famille de petite noblesse d’épée et de robe originaire du
Vendômois, fi ls et petit-fi ls de lettrés (son grand-père était poète et amateur des Proverbes de Carmontelle, son père édita les œuvres complètes de Rousseau, écrivit des romans, des récits de voyages et diverses études), Alfred de Musset montre très tôt ses dons pour la littérature : il remporte des prix au concours général et introduit par Paul Foucher, beau-frère de Hugo, il fréquente à 18 ans le Cénacle romantique, le salon de l’Arsenal de Nodier et se lie en particulier avec Sainte-Beuve et Vigny. Cependant son admiration pour ses aînés ne l’empêche pas de prendre ses distances par rapport à un mouvement dont il dénonce les outrances, notamment dans les Contes d’Espagne et d’Italie (1830). Il a l’impression de ne pas être vraiment reconnu au début de sa carrière littéraire.
En effet, quand il achève à 23 ans Lorenzaccio, il a déjà une certaine notoriété et un passé littéraire enviable aussi bien dans le domaine poétique, théâtral que journalistique avec entre autres, les articles de La Revue fantastique publiés dans Le Temps. Il a composé des ballades : La Nuit (1826), Le Rêve publié dans Le Provincial (1828) ; la même année il a traduit et adapté L’Anglais mangeur d’opium de Quincey. En 1830, la publication des Lorenzaccio, 12 Contes d’Espagne et d’Italie le fait connaître et donne au public l’image d’un jeune poète talentueux, fantaisiste et railleur. La même année paraissent deux poèmes (Les Secrètes Pensées de Rafaël, gentilhomme français et Les Vœu x stériles) ainsi que La Nuit vénitienne, pièce en un acte.
Mais cette première expérience théâtrale (au théâtre de l’Odéon, 1er-2 décembre 1830) est un échec cuisant pour Musset qui décide d’écrire désormais des pièces à lire, non destinées à la représentation. Une première pièce, La Quittance du Diable avait pourtant été