L'œuvre de Louise Labé, publiée intégralement en 1555, est composée essentiellement d'élégies et de sonnets amoureux, qui furent écrits entre 1545 et 1555. Ces poèmes faisant preuves de rigueur, se distinguent des œuvres contemporaines par leur ardeur, leur spontanéité et la sincérité des sentiments exprimés. Elle fût l'une des premières femme à être reconnue comme poète. Le sonnet XIV prend ainsi la forme d'une plainte vis à vis d'un homme qu'elle aime et à la crainte de perdre tous ses sentiments, assimilée à l'inspiration poétique. La comparaison entre l'inspiration poétique et les sentiments de la poètesse fonde la composition du sonnet, dont la binarité sémantique invite à distinguer les quatrains et les tercets. Le sonnet est ainsi structuré autour de deux mouvements principaux dont la charnière se situe après le premier vers du premier tercet : tandis que les neuf premiers vers prèsentent l'amour et les sentiments de la poétesse, les cinq derniers vers présentent un futur mortel dû à la perte des sentiments et donc de l'inspiration poétique de l'auteur. Ainsi, dans un encandrement strictement lyrique et plus précisément élégiaque, c'est-à-dire un discours proféré par le "je" du poète et possédant une tonalité triste, le sonnet développe un parallèle entre les sentiments amoureux de la poètesse et son inspiration poétique au moyen d'effets de répétitions et d'échos marquées par la contradiction où se mêlent espoir, désespoir, mais aussi le temps passé des regrets, le prèsent favorisant la création poétique et le futur conduisant à la mort. Nous verrons donc comment ce sonnet constitue le lieu d'expression de la pensée élégiaque où l'anéantissement des sentiments amoureux conduit à la perte de l'inspiration poétique cependant que ces sentiments souhaités font l'objet de souffrances.
Le premier quatrain prépare progressivement la chute du sonnet et le parallélisme entre les sentiments et l'inspiration poétique de la poètesse. L'adverbe "tant