Médée
Si Euripide consacra l'essentiel de son activité à l'écriture théâtrale, celle-ci ne lui valut que peu de succès, surtout en début de carrière. Couronné seulement quatre fois, l'auteur ne connut jamais de son vivant une popularité comparable à celle de Sophocle, dont l'écriture est bien différente. Toutefois, outre de nombreux fragments, il reste des plus de nonante oeuvres d'Euripide, dix-sept tragédies, compte non tenu de Rhésos, dont l'attribution est douteuse, ni du drame satyrique, Le Cyclope. Cette survie, si modeste soit-elle, est bien supérieure à celle des oeuvres d'Eschyle et de Sophocle dont la production fut comparable. Elle témoigne du succès posthume d'une oeuvre qui annonçait l'évolution du goût de la société grecque sur le plan littéraire, et les prémices de l'époque hellénistique.
DE LA LÉGENDE À LA TRAGÉDIE
1. La légende
Elle présente bien des variantes, où on découvre d'ailleurs que Médée n'est pas toujours une infanticide ni une criminelle. Voici quelques repères de la version qu'Euripide a portée à la scène.
LA TOISON D'OR
Pour protéger leurs amours, Poséidon, dieu de la mer, et Théophanè, une mortelle, se sont métamorphosés en ovins! Théophanè met au monde Chrysomallos, un bélier à toison d'or. L'animal est offert par Hermès ou Héra à Néphélè, épouse de l'infidèle Athamas, roi d'Orchomène en Béotie. Celui-ci veut sacrifier Hellé et Phrixos, la fille et le fils qu'il a eus de Néphélè, pour conjurer la sécheresse qui sévit dans la région. Les deux jeunes gens enfourchent Chrysomallos et prennent la fuite...