Médiatiques
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Les enjeux du photojournalisme
“Regarder, voir, photographier supposent une morale, une conscience et une exigence politiques.” (Edgar Roskis) En Belgique comme ailleurs dans le monde, l’irruption de la photographie numérique bouscule les logiques de l’information. Les photos d’amateurs envahissent les médias. Dans le même temps, les phénomènes de concentration économique du secteur de la photographie de presse suscitent de nombreuses interrogations. Très tôt dans le siècle dernier, la photographie d’actualité a joué un rôle important dans le système journalistique. La forte demande des journaux pour ce type d’illustrations a entraîné la création d’agences photographiques (dont la célèbre agence Magnum en 1947) et a mis en évidence le travail des reporters-photographes. De la Guerre d’Espagne à la Guerre du Vietnam, la couverture photo des guerres et de la “grande actualité” s’est imposée. À la même époque, de nombreuses publications centrées sur l’apport de la photographie ont vu le jour. Elle a envahi les rubriques, des faits divers aux sports, en passant par la politique. Avec le déploiement massif de la télévision, les années 80 ont marqué une première rupture. L’image photographique d’actualité a dû se trouver de nouveaux espaces d’expression, dans les livres ou les expositions. Aujourd’hui, les grandes agences généralistes internationales redessinent complètement le secteur tant d’un point de vue économique qu’éditorial. Ces concentrations provoquent, de la sorte, une redéfinition des rapports au monde qu’institue l’information photographique. Celle-ci devient, plus que jamais, un enjeu majeur et politique de la recomposition des pratiques professionnelles et des stratégies éditoriales. C’est dans ce contexte global, en pleine mutation, que Médiatiques inscrit la réflexion et la discussion. Ce numéro consacré au photojournalisme est, en fait, le prolongement d’un colloque organisé en octobre 2005 par l’Observatoire du récit médiatique