Madame bovary
Qu’est-ce que le réalisme ?
Le réalisme est l’enfant de la déception. Les hommes du milieu du XIXe siècle ont perdu leur chimère de fraternité, de liberté. Il faut dire que la répression qui a suivi la révolution de 1848 ou la prise du pouvoir par Louis Napoléon Bonaparte en 1851 a installé une bourgeoisie affairiste et réactionnaire. Ces hommes ont aussi perdu leurs illusions artistiques : le romantisme erre dans la rhétorique grandiloquente, délaisse la réalité pour une évasion mensongère. Des écrivains comme Mérimée, Stendhal, Henri Monnier et surtout Balzac ont préparé le terrain. À une époque où la photographie se développe, les artistes visent à une reproduction intégrale et objective de la réalité la plus banale par la recherche du document humain et social. C’est l’ « école de la sincérité dans l’art », du « daguerréotype littéraire ». La revue Le Réalisme proposait cette définition : « Le réalisme conclut à la reproduction exacte, sincère du milieu social, de l’époque où l’on vit, parce qu’une telle direction d’études est justifiée par la raison, les besoins de l’intelligence et l’intérêt du public, et qu’elle est exempte de mensonges, de toute tricherie ». Le réalisme est surtout un refus des excès, comme l’écrivait Champfleury à George Sand : « Ne pas dire à celui qui est monté sur un âne : quel beau cheval vous avez là ! »
Va-t-on retrouver ces éléments constitutifs dans Madame Bovary ?
Condamnation des dangers du romantisme
Madame Bovary est essentiellement une condamnation de cette propension de l’esprit à tout enjoliver, à parer la réalité la plus triviale des feux de l’imagination.
Flaubert dénonce un certain romantisme par refus de l’invraisemblance et haine des lieux communs. Il se moque de la littérature dont Emma se gorge au couvent : « Ce n’étaient qu’amours, amants, amantes, dames persécutées s’évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu’on tue à tous les relais, chevaux qu’on crève à