Madame bovary
Flaubert éprouvait une aversion certaine envers les bourgeois de son époque. Il reprochait à ces derniers de se plier aux règles stupides des conventions sociales. Il leur reprochait également de se complaire dans leur situation de médiocrité et de ne chercher que le profit immédiat. Leur existence est banale, leur comportement ridicule. Dans ses Correspondances, Flaubert déclarait ceci : « Dans Mme Bovary, je n'ai eu que l'idée de rendre un ton gris, cette couleur de moisissure d'existences de cloportes. » Absente du début et de la fin du texte, Emma Bovary n'est qu'une courte parenthèse dans une réalité pesante, mais à la différence des bourgeois, « ceux qui pensent bassement », elle apporte une touche de couleur à cette triste monotonie.
Ce contraste est marqué par deux éléments. D'une part, Madame Bovary cherche à s'extirper de sa condition sociale pour poursuivre son idéal romantique, contrairement aux autres personnages qui se satisfont de leur situation pitoyable. D'autre part, ses agissements montrent la voie aux bourgeois, leur offrant la possibilité de colorer leur vie ou, au contraire, de confirmer leur « existence misérable de cloportes ».
Emma Bovary se différencie des autres personnages en deux points. Elle cherche à fuir la condition sociale qui lui était prédestinée et aspire à vivre une histoire d'amour romantique. Cette fuite vers une classe sociale plus élevée se manifeste principalement par les artifices qu'elle met en place afin de vivre comme les nobles. Ce comportement se retrouve par exemple dans sa manière de tenir le foyer ou de recevoir des gens. « [...] offrir un plat coquet, s'entendait à poser sur des feuilles de vigne les pyramides de reines-claudes » (Ch.7 partie 1). Emma fait également attention à sa toilette et joue au piano, privilèges généralement réservés aux gens riches ou aux nobles. Le