Maitre et valet
La relation entre le maître et le serviteur (XVIIe siècle/XXe siècle) suivi d'un tableau comparatif
par Sylvie Jedynak, professeur au lycée Richelieu, Rueil-Malmaison
Ce groupement propose une traversée du théâtre, à la fois diachronique par sa présence permanente dans l'histoire du théâtre européen, et sociologique par son lien avec les valeurs sociales dominantes. Le valet, figure emblématique du peuple, ne sort de la multiplicité et de l'anonymat que grâce au maître ; ainsi, l'étude de passages où dialoguent maîtres et valets se justifie parce que le valet s'y révèle, s'y affirme. Il en résulte le choix de notre corpus. Tous les valets du répertoire ne sont pas représentés ; on chercherait en vain des traces de niaiserie, de bêtise, comme on en trouve par exemple chez le Sganarelle de Dom Juan. Aucun de ces nigauds naïfs, tel le Brighella de la Commedia dell'arte, ne hante le passé de nos valets. Les situations choisies cherchent donc à cerner ce que cette relation peut avoir de particulier, d'insolite, même d'exceptionnel. Le théâtre est par excellence le lieu où se jouent les conflits, ce conflit étant d'autant plus fort que l'enjeu est plus grand. L'inversion du pouvoir, en effet, donne au dialogue de la vigueur, de l'imprévu, et déchaîne de véritables élans, des corps et des mots. Ces provocations, inconcevables dans la vie quotidienne, sont des gifles à l'ordre établi, à ses excès, à ses duretés. On trouvera ici des moments d'explosion qui paraissent, le temps d'une page, donner le pouvoir à un valet et provoquent chez le lecteur étonnement et plaisir.
Voici les textes que nous étudierons : 1. Molière : Dom Juan, acte I, scène II, 1665 2. Molière : Le Malade imaginaire, acte I, scène V, 1673 3. Marivaux : L'Ile des Esclaves, scène III, 1725 4. Beaumarchais : Le Mariage de Figaro, acte III, scène V, 1780 5.