Manuscrits du moyen age
Séance 1 : Une culture de « l’oralité mixte » (Paul Zumthor, La Lettre et la voix) : fabrication et diffusion du livre au Moyen Âge ; conséquences culturelles et littéraires.
Introduction :
- Notre société du XXIème siècle « d’oralité seconde » dans laquelle l’écrit joue un rôle quotidien auprès de tout un chacun et l’oralité n’est pas déterminante dans des gages d’engagements solennels. La société médiévale elle n’a pas ce statut, elle est dite « d’oralité mixte » (par opposition aux sociétés « d’oralité pure » : sans écrit aucun) : textes écrits mais qui n’ont pas le rôle majeur et ne touchent pas la totalité des individus. Il y a un grand nombre d’illettrés : c’est quelqu’un qui ne peut pas commenter avec beaucoup d’aisance la langue latine. Nous avons affaire à une société où le livre reste rare, précieux.
- Les livres peuvent rappeler les circonstances de la lecture si bien que le livre n’est qu’un truchement pour accéder à un passé oublié. La lecture est une activité importante mais le livre en tant qu’objet matériel n’est qu’un objet utile. Un rapport décomplexé aux livres qui ne pouvait absolument pas être comme tel au Moyen Âge.
- A cette époque, les historiens ont même entrepris une pratique de la méthode du « cri » : les puissants qui font crier une nouvelle, une sonnette, on crie la levée d’un impôt, on crie aussi aux voleurs ou aux violeurs : valeurs politiques, juridiques et religieuses avec des cris ritualisés qui sont normés par l’Eglise. Cette situation fait que la capacité mémorielle des hommes du Moyen Âge semble avoir été extraordinairement plus élevée que la nôtre (ex : un enfant de 10 ans a eu la tâche de reproduire environ 10 000 vers // 3 tragédies antiques). Longtemps, on a lu, récité, transmis par ce même canal oral les moindres écrits qui existaient. De même, c’est seulement à partir du moment où il a existé des bibliothèques collectives (dans le courant du XIIIème siècle) que l’on a