Le lecteur, un co auteur?
Au 20e siècle, la déchéance de l’auteur par la critique et la déchéance de l’idée même de sens favorisent l'idée selon laquelle le lecteur a une place importante dans la littérature. D'après Michel Tournier, par exemple, le lecteur est le co-auteur du livre. D'après lui, donc, le lecteur aurait sa place dans le processus de création. Il serait une condition de l’existence de l’œuvre. Cette conception de la collaboration entre auteur et lecteur est fondée contre celle de l’hégémonie, de l’autosuffisance de l’auteur. Que pensez de cette vision? Quelle est l'importance du lecteur dans l'élaboration du livre? Nous commencerons par comprendre que la lecture achève la création, le livre n'existe que lorsqu'il n'appartient plus à l'auteur seul. Cependant, il y a tout de même un abîme entre le travail personnel d'un auteur et l'interprétation d'un lecteur. Mais nous nous nous sommes limités à penser que la lecture vient après l'écriture. La collaboration n’a-t-elle pas déjà lieu lors de l’écriture ? L’auteur est toujours accompagné du lecteur.
Un livre n'existe pas s'il n'est pas lu.
C'est le lecteur qui choisit le livre, qui en parle, qui l'admire, le critique.
Un livre est tout d'abord publié. L'éditeur est le premier lecteur de l'auteur, c'est lui qui fait le choix de publier ou non le livre. Celui ci finit donc de vivre si l'éditeur le refuse. La population, ensuite, va faire le choix ou non de l'acheter et de le lire. Par bouche à oreille, ou grâce à de bonnes critiques dans les journaux, aujourd'hui dans les médias, le livre va être diffusé, mais il peut aussi rester sans succès ou être retrouvé des années ou des siècles plus tard et redécouvert, apprécié dans une autre époque... les Pensées de Pascal, au 18ème sont jugés trop pessimistes et peu intéressantes. Les lecteurs de cette époque ne prennent pas en compte la dualité de l'homme mais seulement sa bassesse, sa vanité. C'est plus tard que l'on redécouvre l'excellence de cette