Marché dérivé
Les opérateurs achètent des produits dérivés pour des besoins de couverture. Le banquier qui achète une option (c’est à dire le droit d’acheter ou de vendre un sous-jacent à un prix et jusqu’à une échéance déterminées) ou qui se couvre à terme diminue le risque qui lui est propre. Mais ce risque ne disparaît pas. Il est transféré à un opérateur (un spéculateur ou un agent qui, compte tenu de ses propres anticipations, souhaite se couvrir dans l’autre sens) spécialisé dans la gestion du risque. Ainsi, l’opérateur qui se couvre et celui qui gère le risque ne sont que les deux faces d’une opération d’assurance, le spéculateur n’étant rien d’autre qu’un assureur. Sans spéculateur, personne ne pourrait se protéger, de la même façon que sans assureur, il ne peut y avoir d’assuré. Il y aurait toujours des moyens de gérer son risque en l’absence de produits dérivés, mais de manière plus coûteuse, moins liquide, moins rapide et moins fiable.
Ex post, les transactions monétaires sur les marchés dérivés représentent un jeu à somme nulle. En effet, ce que ce que l’un gagne, l’autre le perd. Ainsi, si la presse n’oublie jamais de se faire l’écho des pertes d’une entreprise victime de son imprudence ou tout simplement du fait qu’en économie de marché, il arrive que l’on se trompe, elle oublie de rapporter que cet argent ne s’est pas volatilisé mais a changé de mains. Mais ex ante, comme dans n’importe quelle relation d’échange volontaire, les transactions sur dérivés représentent un jeu à somme positive.
Ce transfert de risque s’inscrit dans une démarche de division du travail, de spécialisation, de gains de productivité et donc de croissance. La diminution des coûts de transaction qu’il implique joue en faveur de la croissance réelle. Le risque étant géré par des personnes compétentes, il n’y a pas de raison que la volatilité des marchés financiers soit corrélée positivement avec le développement des innovations financières.