Marx Renault
M arx et la reconnaissance : des Manuscrits de
1844 au Capital
Emmanuel Renault
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Dans la mesure où le paradigme de la reconnaissance a été conçu par
Honneth comme un moyen de renouveler la théorie critique tout en renouant avec ses sources hégélo-marxiennes, il n’est pas étonnant que différents auteurs aient cherché ces dernières années à reconstruire une théorie marxienne de la reconnaissance (Quante, Brudney et Chitty1) et qu’ils aient cherché chez Marx une autre manière d’actualiser la théorie hégélienne de la reconnaissance que celle proposée par Honneth. Ces auteurs ont contribué à faire prendre conscience du fait que la théorie marxienne, qui ne fait certes pas du concept de reconnaissance l’un de ces concepts centraux, croise cependant la question de la reconnaissance de différentes manières, et est plus riche à cet égard que l’on aurait pu croire. Cependant, la démarche de ces auteurs semble problématique, et cela pour deux raisons principales : premièrement, Marx aborde la question de la reconnaissance dans le cadre de trois problématiques, hétérogènes les unes aux autres, qui sont difficilement unifiables en une théorie, fut-ce par reconstruction ;
1
Michael Quante, “Recognition as the Social Grammar of Species Being in
Marx”, in Hans-Christoph Schmidt-am-Busch and Christopher Zurn, The
Philosophy of Recognition. Historical and Philosophical Perspectives, Lanham:
Lexington Books, 2010, p. 239-267 and Daniel Brudney, “Producing for Others”, ibid., p. 151-188. Voir également Andrew Chitty “Recognition and Social Relations of Production”, Historical Materialism 2 (1), 1998, p. 57-98. Un volume de la revue
Ethical Theory