Maurice de scève
Ceux qui ont qualifié tous ces écrits d'obscurs, de contournés, de prétentieux, ou de pédantesques, ne les ont pas moins admis pleins de beautés singulières, et tout à fait caractéristiques de ce mouvement poétique lyonnais sans l'intermédiaire duquel on ne voit pas comment eût pu s'opérer la transition de l'école de Marot à l'école de Ronsard et de la Pléiade. Maurice Scève a été l'initiateur de ce mouvement dont les principaux représentants furent, avec lui, ses deux soeurs ou cousines, Sibylle et Claudine Scève, Pernette du Guillet, Louise Labé, la « Belle Cordière », Clémence de Bourges et le bon Pontus de Tyard, seigneur de Bissy, pour ne rien dire de quelques autres. Sa Délie en est le chef d'oeuvre à peu près inintelligible, fécond toutefois en imitations, si l'on peut dire qu'il est le premier de ces recueils de vers consacrés en français à la louange d'une maîtresse, tantôt feinte et tantôt réelle, comme l'Olive de du Bellay, par exemple, ou la Cassandre de Ronsard; si, de ce mélange de fiction et de réalité se dégage une conception de l'amour où le platonisme et la sensualité trouvent également leur part; et si enfin le souci de la forme ou de l'art y apparaît pour la première fois dans la poésie de langue française.
Musicien autant que poète, Maurice Scève est l'un des premiers en